AFP - Dimanche 10 décembre 2006 "La banquier des pauvres" Muhammad Yunus a
reçu le prix Nobel de la paix Le Bangladais Muhammad Yunus, surnommé le "banquier des pauvres", a reçu dimanche le prix Nobel de la paix au cours d'une cérémonie pendant laquelle il a exposé les grandes lignes d'un capitalisme renouvelé susceptible d'éradiquer les racines des conflits et du terrorisme. "La pauvreté est une menace pour la paix", a répété Muhammad Yunus après s'être vu remettre la prestigieuse récompense dans l'Hôtel de ville d'Oslo. "Les frustrations, l'hostilité et la colère générées par une pauvreté abjecte ne peuvent assurer la paix dans aucune société", a-t-il dit. Cet économiste, âgé de 66 ans, partage le Nobel avec la Grameen Bank, la banque qu'il a fondée en 1983 pour aider les plus nécessiteux à accéder au crédit et qui était représentée dimanche par Mosammat Taslima Begum. La villageoise a elle-même échappé
à la misère grâce à un prêt d'une vingtaine de
dollars. Rythmée par les oscillations majestueuses et colorées des danseurs de la compagnie bangladaise Nrityanchal, la cérémonie réunissait une assistance prestigieuse où figuraient la famille royale norvégienne et les actrices américaines Sharon Stone --laquelle a versé une larme-- et Anjelica Huston, qui codirigeront le traditionnel concert Nobel lundi. En costume traditionnel bangladais, le banquier philanthrope a exposé son concept de "social business", une forme de capitalisme social qui voit l'entreprise réinvestir ses bénéfices au profit de ses clients plutôt que de verser des dividendes à ses actionnaires. "Ceux
qui investissent dans le +business social+ pourraient récupérer
leur investissement mais ne percevront pas de dividende (...). Les bénéfices
seraient réinjectés dans la compagnie pour développer ses
activités et améliorer la qualité du produit ou du service",
a-t-il expliqué. Muhammad Yunus a déjà lancé quelques projets pilotes, notamment un avec le géant agroalimentaire français Danone qui porte sur la commercialisation au Bangladesh de yaourts hautement nutritionnels pour des sommes modiques. Choqué par les effets d'une famine dans son pays et par le refus des institutions bancaires traditionnelles d'octroyer des prêts aux déshérités, privant ainsi les deux tiers de l'humanité d'un accès au crédit, Muhammad Yunus a accordé son premier prêt, 27 dollars sortis de sa poche, en 1976 à des artisans ruinés. Depuis, plusieurs dizaines de millions de personnes à travers le monde ont échappé à la misère grâce à des prêts d'une centaine de dollars en moyenne, accordés sans garantie, qui leur permettent d'acheter des outils, du bétail ou des téléphones portables pour lancer leur propre petite entreprise. Aider les démunis, c'est tarir les sources du
terrorisme, a assuré Muhammad Yunus. Aujourd'hui membre du conseil d'administration de
la Grameen Bank, Mosammat Taslima Begum a amélioré son sort grâce
à la banque qui lui a permis d'acheter une chèvre. Elle possède
maintenant des manguiers, un cyclopousse pour son époux et une activité
de couture. Le Nobel consiste en
un diplôme, une médaille d'or, et un chèque d'environ 1,1
million d'euros qui, a assuré M. Yunus, seront utilisés pour une
bonne cause. |
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