Stéphane
GONNU

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Mai 2004
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Stage de noël 2003
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  A vivre absolument !

La différence entre le théâtre d'improvisation et le théâtre habituel, celui où l'on joue le texte d'un autre, c'est la même qu'entre une plage textile et une plage naturiste en plein mois d'août.

Dans un cas on se montre, mais en réalité en continuant à se cacher, en se jugeant soi et en jugeant les autres. Dans l'autre cas, rien, mais alors rien du tout ne nous cache, on se montre vraiment, simplement, sans jugement.

Improviser c'est se mettre à nu !
Pourquoi ?
A cause de son principe même : rien n'est écrit, prévu.
Donc il faut inventer dans l'urgence et le présent.
Et là, deux solutions :

1. Réfléchir (à ce que l'on va dire, faire, préméditer...) et aucune magie ne se passe.

2. Accepter de "laisser passer", de "prendre" tout ce qui vient, tout ce qui surgit. Mais alors tout. Sans chercher à comprendre d'où çà vient.

Concrètement, seule la 2ème possibilité est valide pour donner quelque chose de viable théâtralement. Seulement voilà, la spontanéité, ça ne se décide pas, ça se vit ! Heureusement, ça s'apprend aussi et se retrouve.

Ainsi pour prendre et donner du plaisir en improvisation, il faut baisser la garde, avoir une confiance absolue en soi même et en ses partenaires, se lâcher. Facile à dire ! C'est une école hors du commun. Une école immense, pleinne d'enseignements et qui reste à tout moment ludique.

Apprendre à improviser, ce n'est pas moins qu'être à l'école de la vie. Comme dans la vie, il faut une grosse dose d'acceptation (en l'occurrence des idées qui nous viennent d'on ne sait où) et de confiance et de tolérance (envers les idées des autres) pour construire sans que le soufflé ne retombe.

Une improvisation c'est tout le contraire d'une maison : on construit dans l'urgence mais sans plans, comme çà vient (il faut donc acquérir des réflexes pour que la porte d'entrée ne donne pas directement dans les toilettes...). Parmi ces réflexes, l'écoute et l'observation (alors qu'ordinairement on ne fait que voir et entendre) : qui a dit quoi, qui a fait quoi, et dans tout çà, sur quoi rebondir ? Une grosse dose d'humilité est aussi indispensable, car comme rien n'est prévu, le pire et le meilleur demeurent possibles à tout instant.

L'improvisation, c'est le théâtre de l'inconscient. Puisque chacun est son propre auteur, les univers amenés contiennent souvent une part autobiographique. Là commence à se jouer quelque chose de difficile : ce personnage que l'on joue, c'est un peu (beaucoup ?) soi même. Mais alors, les émotions du personnage sont-elles celles du personnage ou de l'acteur ? Grande question. Et c'est lorque l'on parvient à la dépasser que l'on est un comédien libre.

Beau programme ! Une expérience à vivre absolument.