Médoune GUEYE
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Etudiante
Erasmus (belgique)
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Août 2006
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Ateliers du mardi
Soir 2006
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Attrape-Rêves Théâtre

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Le coeur écoute

Quand je suis arrivé au cours de Frédéric Challos, j'étais Erasmus belge à Lyon. Je cherchais un cours de théâtre depuis deux semaines. J'avais déjà essayé un cours dans une compagnie de Lyon mais ça ne m'avait plu que moyennement, en partie parce que c'était trop amateur.

Le soir du premier cours, j'étais arrivé en avance (à cause du stress). J'étais posé sur un appui de fenêtre en attendant les autres, séduit par l'atmosphère du lieu. Un garçon jouait du piano. C'est lui qui allait nous assister quelques instants plus tard lors des exercices de danse impersonnelle. Je sentais que ça allait être un cours de grande qualité. A la fois j'étais excité et je flippais à mort.

Puis les autres du groupe sont arrivés tous en même temps. Personne ne m'a salué. Ca sentait le sérieux, peut-être même un peu la sévérité (c'est du moins ce que je ressentais à ce moment-là). Je me rappelle qu'ensuite, avec nos corps allongés, nous avons formé un cercle. Nos têtes étaient dirigées vers son centre. Chacun a cité son nom et a traduit par un mot son ressenti du moment. J'ai dit que je me sentais " vagabond ". En fait j'étais profondément angoissé.

On s'est relevé et deux par deux, en changeant tour à tour de partenaire (et sûrement aussi de personnage), on a fait des exercices d'échauffement. C'est à cette occasion, que j'ai rencontré chaque personne. Que leurs yeux brillaient de beauté! Chacun d'eux m'a souri. A chacun d'eux j'ai souri (de joie et de curiosité).

Quelle exaltation j'ai ressentie au moment de la danse impersonnelle ! Avec les notes je voyageais dans mon cœur. J'y ai vu plein de sentiments. J'étais complètement excité. Je dansais dans un autre monde, avec d'autres habitants qui semblaient prendre le même plaisir que moi.

A la fin de ce premier soir, j'ai fait une improvisation avec un gars (que je ne connaissais ni d'Eve ni d'Adam et que je n'ai jamais revu). J'ai improvisé avec le discours, pas avec ce que je sentais. J'ai été fort déçu. Pendant une semaine, j'ai ruminé ce que je considérais comme un échec. Et j'en ai progressivement isolé la source. C'est bien le fait d'être face à des regards (en plus, des regards étrangers) qui me momifiait. Je les considérais comme des juges. Ils me faisaient peur.

Avec le temps, je me suis progressivement fait à ces regards, je me suis habitué à eux.
J'ai eu moins peur des autres.
Mais la confiance en soi et en l'autre, je crois qu'elle a un prix. C'est aussi le prix de la création (peut-être aussi de la vie). Je me suis entraîné à lutter contre cette pulsion, qui me poussait à porter un jugement sur le jeu des autres acteurs. Tant sur scène, qu'en dehors, j'ai travaillé à nier ce jugement, à le laisser couler, à me laisser couler, à me laisser faire par ce qui se passait, à laisser s'enfuir mon ego, à écouter les appels de mon cœur, à essayer de me rendre disponible à l'autre (dans le jeu).
Le cœur écoute et chante. Le cerveau analyse et ment.

Me rendre disponible au jeu, ça me demande du temps et de l'énergie. Mais progressivement, je crois que j'ai trouvé une identité dramatique (ou c'est elle qui m'a trouvé). Quelle joie j'ai ressentie quand des larmes m'ont coulé des yeux et que la tristesse s'est emparée de tout mon corps ! Quelle joie quand j'ai vu ses yeux et que je l'ai vue pleurer. Elle était tellement belle.

Le cours est puissant et nécessaire. Enfin les portes de ma perception se sont entrouvertes sur le kaléidoscope de mon cœur. J'ai rencontré des personnes d'exception que j'aimerai longtemps je crois.

Je vais tenter de rentrer au conservatoire de théâtre de Liège. J'ai envie de jouer.